Ben pas tant que
ça, en fait. C'est quand même l'un des matériaux, sinon le
matériau le plus analysé sur Terre depuis que l'être humain s'est demandé
qui joue avec l'Interrupteur. Ce qu'on a trouvé est généralement assommant : comment des objets y coulent ? Comment ça coule contre
des objets ? Pourquoi du sucre y disparaît-il alors qu'un piano, non
? Que vaut l'électronégativité des atomes la composant, de
laquelle découlera la grandeur vectorielle de son moment dipolaire ?
Ferait-on avancer l'humanité en y plongeant la tête de Belore
pendant une heure ?
Il y a aussi des
tas de choses vraiment intéressantes à dire à propos de l'eau.
Aujourd'hui, je vais vous parler des trucs assommants.
Aujourd'hui, je vais vous parler des trucs assommants.
Que vaut l'électronégativité des
atomes composant l'eau, de laquelle découlera la grandeur
vectorielle de son moment dipolaire ?
Pour résoudre ce
mystère que chacun a eu l'occasion de formuler un jour, il faut
comprendre que la molécule d'eau est extrêmement simple. Elle est
composée de trois atomes : un d'oxygène, deux d'hydrogène. Mon article précédent avait pour but de clarifier un peu toute cette histoire de molécules et d'atomes. Lisez-le si ce n'est pas déjà fait, relisez-le si vous n'aviez pas compris, et molestez l'auteur si c'est toujours le cas.
Vous avez un atome
d'oxygène ayant 8 électrons, dont six en surface. Quatre sur les six forment spontanément deux
paires, les deux autres se font la tronche. Ainsi, l'atome d'oxygène
a deux électrons célibataires, qui chercheront à se lier à des
électrons d'autres atomes. Et ça tombe bien, puisque chaque atome
d'hydrogène a un unique électron ! On se retrouve avec quelque
chose dans ce goût :
L'électronégativité
est un bien grand mot (69 points en mot compte triple au Scrabble) qui désigne grosso modo la charge (signe et
valeur) d'un élément. L'oxygène étant chargé négativement, et
l'hydrogène positivement, une molécule d'eau agit un peu comme un
aimant :
C'est ce qu'on
appelle une molécule polaire, puisqu'elle a un pôle positif et un
négatif. Cette caractéristique est primordiale pour expliquer
quasiment toutes des propriétés de l'eau, comme son écoulement, sa
solvabilité, sa solidification... C'est par exemple la raison pour laquelle on peut pas mettre sa bière au congélateur sans devoir vérifier
toutes les cinq minutes qu'elle n'éclate pas.
"Je me liquéfie dès qu'on me met
un peu de pression."
En temps normal,
un élément liquide est moins dense que sous sa forme solide : quand
on exerce une pression sur n'importe quel liquide, ses molécules se
rangent de la meilleure façon possible pour devenir compactes et
former des cristaux. L'eau, c'est le "burn conventions" des
éléments. Sous forme de glace, les molécules d'eau sont tellement
espacées qu'un peu de pression détruit ses liaisons hydrogène, et
lui rend sa forme liquide. Les sports de glisse utilisent cette
propriété spécifique à l'eau pour, justement, glisser : la pression des lames de patins à glace liquéfie l'eau sous
nos pieds et permet une perte d'adhérence.
Non, le patinage sur éthanol
ce n'est pas cool.
[Erratum : la pression exercée par notre corps est insuffisante pour expliquer cette liquéfaction, par rapport à la surface des lames en contact avec la glace. La friction entre aussi en compte, ainsi que d'autres paramètres (phase de glace, température, pression de l'air).]
On peut formuler ça autrement :
On peut formuler ça autrement :
- l'eau liquide
est plus dense que la glace, raison pour laquelle les icebergs
flottent ;
- une quantité
précise d'eau prend plus de place sous forme solide que liquide,
raison pour laquelle notre bière explosera si on la laisse
au congélo.
Allez, vous avez été sage, voilà un
truc marrant.
Le gerris est un
insecte qui vit à la surface de l'eau. Non pas qu'il flotte, puisque
s'il était plongé, même à un centimètre sous la surface, il
coulerait aussitôt ; mais il arrive à utiliser un système assez
ingénieux pour tenir. Ce système est appelé tension superficielle.
Reprenons le
magnifique schéma que j'ai confectionné à propos de la polarité
de la molécule d'eau. On a un signe "moins" d'un côté,
et deux "plus" de l'autre. La molécule se comporte presque
comme un petit aimant, chaque charge positive attirant une négative.
Lorsqu'on a plein de molécules entassées, par exemple dans une
goutte d'eau, chacune d'elles exerce une attraction sur ses voisines.
Ouf, je n'ai
rien perdu de mes talents !
Une molécule au
centre de la goutte subira des forces d'attraction de toutes parts,
mais ça sera différent pour une molécule en périphérie. Toutes
les attractions qu'elle subira seront orientées vers l'intérieur de
la goutte. C'est ce qui permet aux gouttes d'eau d'avoir une certaine
cohésion et de ne pas s'étaler complètement.
Hop, encore
quelques centimètres gagnés sur la longueur de l'article grâce à
une jolie image trouvée sur Google.
Bien sûr, cette
force est minime à notre échelle. On ne la ressent pas directement,
mais on peut en voir les effets. Remplissez un verre d'eau, approchez
votre doigt de la surface jusqu'à la toucher, et remontez-le très
doucement en positionnant votre regard juste au niveau de la surface,
vous verrez une petite colonne se former entre celle-ci et votre
doigt. C'est encore plus évident si vous avez deux verres de tailles
différentes : remplissez d'eau le plus grand, tenez le second à
l'envers et posez tout doucement ses bords sur la surface, puis
soulevez-le lentement. Vous verrez carrément le niveau de l'eau
baisser !
C'est cette
propriété qu'utilise le gerris pour survivre depuis tous ces
millénaires sans que l'espèce ne se soit éteinte. Ça, et sa
férocité de prétadeur dont la violence n'est plus à prouver. Le
gerris est trop lourd pour pouvoir flotter dans l'eau, mais pas assez
pour briser cette tension superficielle.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire